Noir et Blanc

Mais alors, peut-on aimer toujours ? Longtemps ? Sûrement, je pense. D'une façon ou d'une autre, d'une façon qui peut être s'éfiloche, se rabiboche, mais vit toujours, fort fort. Mais alors, peut on désirer toujours ? Longtemps ? Là je bloque. Je recule je réflechis j'ai peur. Je lui ai parlé de tout ça cette nuit, d'une étincelle en moins dans ses yeux. Il n'a pas nié, m'a juste dit "dans les tiens aussi, quelque chose en moins". Alors j'ai peur peur peur. Est-ce que les choses changent ? Est-ce qu'un jour on se sens obligé de trahir l'être qu'on aime, pour se sentir désiré, plus plus plus, se sentir neuf. Peur parceque moi aussi, j'ai envie qu'on regarde mon corps pour la première fois. Mais alors, si la vie se passe comme ça, est-ce que tout n'es qu'un leurre ? Est-ce que les gens vivent, les uns avec les autres, sans se caresser chaque jour ? Se dévorer chaque soir ? Ils s'aiment, s'entendent à merveille, rient, partagent tout... Mais ne se désirent plus, plus pareil ? Alors c'est terrifiant la vie. Noeud au ventre ce matin, vraiment gros noeud au ventre. Je ne sais plus trop, ou je vais...

Il n'est absolument rien pour moi, déjà pour la simple et bonne raison que je ne le connais pas. Et pourtant... J'ai un doux pincement au coeur, à l'estomac, à l'idée que d'un peu plus près, il me ferait vaciller. Tomber peut être. Heureusement tout cela reste pure spéculation car le garçon jamais ne m'approchera. Il est souvent là, à la sortie d'un cours, au coin d'une rue. C'est un sourire et une stature plus qu'un être vraiment humain. C'est quelqu'un qui s'interesse à moi depuis longtemps, sans pourtant me connaître. Il a parfois fait un pas, j'ai reculé un peu. Il est reparti. Je ne suis pas seule. Souvent il nous a vu, mon amour et moi, sortant du métro, entrant dans un cinéma... Il sait que je ne suis pas célibataire ce joli sourire. Impression de passer à côté de quelque chose, peut être. Un ami, ou autre.

Il pleut ce matin, difficile à croire vu le temps d'hier, si beau, si chaud. Hier soir lui et moi on est allé boire un verre en terasse avec Pomme et Liane. Fort agréable, enfin, le bourdonement des voix dans la nuit très claire pas encore totalement tombée. Ca fait du bien de voir que Pomme a enfin trouvé quelqu'un qui lui convient. Quand à moi je dois bosser ce matin, rédiger deux ou trois trucs, en apprendre le double. J'aimerai bien être un oiseau, pour essayer de glisser sur le vent. Just once.

Il fait beau, il fait doux. Fenêtre ouverte, j'entends dans le silence de mon appartement la télévision des voisins. Langue arabe qui raconte des choses que je ne peux pas comprendre. Musique du parler d'un autre pays, et moi je me sens un peu ailleurs. Il fait encore si beau, la large parcelle de ciel bleu qui se détache, dehors. Je pourrais mourir pour le printemps, pour la lumière, qui dure, qui dure. Un cadeau.

Ce n'est pas le premier, peut être pas le dernier. Un bout de moi, à peine, sur cette étendue. Anonyme puisque c'est ainsi que je le souhaite. Si seulement je savais à quoi vont rimer les mots que je vais déposer ici. Ceci est un exutoire. Oui, voilà, on a qu'à dire les choses comme ça. Et puis après, on verra. J'ai commencé avec les blogs il y a longtemps. Genre 5 ans. J'étais plus jeune, plus fraîche. C'était moins banal, aussi, plus neuf. Plus rigolo. Il y avait une "communauté blogienne". Maintenant je laisse des traces sans vouloir être lue. Juste. Comme ça. L'idée de déposer des mots quelque part, comme un tiroir secret offert à tous. Ca me plaît. Depuis ces débuts avec les blogs, j'ai tellement changée... Je suis devenue tellement plus... Sérieuse. Alors ici c'est brouillon c'est à moi c'est secret c'est à tout le monde c'est ouvert à toi et puis à eux. Et puis on verra, ce que ça deviendra.